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Extraits du manifeste Aouchem II par Mustapha Adane

I – ORTEGA Y GASSET (philosophe espagnole mort en 1955) disait :

 « La création est la seule révolte authentique »

A l’époque, le rôle des peintres, écrivains, poètes, miniaturistes, chanteurs, comédiens, musiciens, calligraphes algériens était de permettre au peuple de ne pas s’identifier à l’imagerie coloniale dont le seul slogan était par « l’épée et la charrue ». Nos ancêtres n’étaient pas GAULOIS. Kateb Yacine disait : « LA LANGUE FRANCAISE est un butin de guerre ».

Indépendants, les Algériens n’étaient plus soumis à l’indigénat, infâme décret Crémieux (1870) visant à effacer leur identité berbéro-musulmane, algérienne.

Le manifeste « AOUCHEM » rédigé en 1967, par des artistes membres de l’UNAP, avec les idées de poètes et d’ écrivains comme MALAK HADAD (directeur de la culture), DJAMAL AMRANI, MUSTAPHA TOUMI (poètes), BENMANSOUR peintre oranais, AHARDAN peintre marocain ainsi que d’autres artistes maghrébins, a souligné la continuité historique et culturelle d’un peuple devenu une nation.

II – L’avenir d’un Pays, d’une Nation n’existe qu’à travers son HISTOIRE, sa CULTURE, qui est un élément vital pour son FUTUR.

AOUCHEM, n’est ni un manuel d’esthétique contemporaine, ni un raccourci de l’histoire et de la préhistoire algérienne, la conclusion du manifeste reste d’actualité.

Ce manifeste a été diffusé en 1967 lors d’une exposition à la galerie de l’UNAP. Il n’avait pas fait l’unanimité, mais aujourd’hui beaucoup d’artistes se prévalent de son contenu, ils s’estiment même membres fondateurs malgré leur jeune âge.

AOUCHEM dans sa conclusion souligne « Visionnaire, réaliste, s’adresse aux peintres, écrivains, poètes, musiciens, etc., qui déclarent utiliser les forces créatrices et artistiques, quels qu’en soient les modes d’expressions, contre l’arrière garde de la médiocrité esthétique. »

Il engage les artistes vis-à-vis de la culture de notre pays. Il reste toujours vivace, comme dans ses signes.

III – Les AOUCHEMISTES étaient membres à part entière de l’UNAP, créée par BACHIR YELLES des 1963, dont il faut souligner la modestie et le mérite d’avoir ouvert l’école d’architecture et des beaux arts en 1962.

La création de l’UNAP a permis pour la première fois l’ouverture d’une galerie en plein centre d’Alger, à ORAN ce fut le peintre BENMANSOUR qui eut la même idée. Les artistes se sont insérés tout naturellement dans la société.

IV – ADANE a gravé les médailles, sculpté la clef de la ville d’ALGER, ainsi que les attributs officiels de la présidence de la république ou sur chaque maillon est calligraphié en KOUFI émaillé sur OR, la devise de notre pays « ALLAH ELDJAZAIR ».

V – Priver l’artiste de son droit le plus élémentaire, le plus strict à l’édification de sa société est impardonnable ; de le priver également du désir de marquer l’imaginaire de ses semblables, serait figer notre société dans un mimétisme artistique à la traine des autres mouvements artistiques. La détérioration du patrimoine culturel dans notre ville et des sites archéologiques est un fait. Le rayonnement des arts visuels est compromis par un manque flagrant de galeries.

VI – Le problème des artistes en général est réel, dans l’espace restreint dans lequel ils évoluent. Tous les manifestes artistiques, les déclarations des artistes du surréalisme à celui de l’Unesco, récemment, rappellent l’enseignement des arts visuels, la mise en garde contre l’endoctrinement, le refus du succès mercantile, hommage à l’embellissement.

A partir de 1968 des AOUCHEMISTES continuent à exposer dans le même esprit en se référant à certains courants esthétiques tels que le dernier des peintres abstrait ANTONI TAPIES, peintre catalan mort récemment soulignant la nécessité de vivre son art, de le pratiquer pleinement et de ne se soumettre a aucune doctrine ou discipline esthétique.

VII – Peut on demander aux jeunes artistes algériens d’être à la fois créateurs de leurs œuvres, d’en faire la promotion et d’en assurer la pérennité ?

L’état a besoin de l’œuvre des artistes dans l’histoire de la culture et de l’imaginaire du peuple. Il faut redonner la possibilité aux artistes de se faire écouter, de prendre en considération leurs suggestions, quand aux modifications structurelles, réactivation de l’UNAP, et des autres associations. La création d’un conseil national des arts et des lettres, crée par le ministère de la culture est positive en soi pour défendre les droits des artistes, mais les artistes demandent surtout de respecter leurs droits à être reconnus seulement par leur association dont les membres représentent l’ensemble des artistes, non par un quelconque comité de sages pour établir une listes de créateurs des arts visuels, ou l’on sait pertinemment que le critère de sélection est toujours subjectif.

Mustapha Adane / Alger, Mai 2012

Oeuvre : 10 ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie / Médaille en bronze / 1972 / Mustapha Adane

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