Faire la lumière sur la culture populaire Algérienne était tout l’enjeu de l’exposition de Mustapha Adane.
En plus de présenter une rétrospective de ses 60 ans de carrière, ma mission de galeriste est de transmette le colossal héritage de son manifeste Aouchem 2, mouvement artistique à l’ADN viscéralement Algérien qui me semblait primordial de continuer à diffuser afin d’éveiller l’esprits de notre jeune génération en quête permanente d’identité et de références historico-culturelles du peuple auquel elle appartient.
Mais ce n’est point de ses œuvres ici que je veux vous entretenir, malgré la profondeur de leur esthétique, ni de sa parfaite maitrise de l’art du feu ou encore de ses couleurs et de ce jeu entre elles si poétique.
Ce qui me fascine dès notre première rencontre, c’est ce regard pur, dépouillé de tout opportunisme avec lequel, même reclus dans son atelier, il capte justement le monde extérieur avec son humour satyrique légendaire si bouleversant de véracité.
Entre théorie et pratique, l’Homme a été le mentor de toute une génération d’artistes, de sa vocation d’enseignant à l’école d’architecture et des beaux-arts d’Alger, à sa grande implication au cours de sa présidence de l’union nationale des arts plastiques, jusqu’à son infatigable engagement dans le mouvement Aouchem.
Artiste natif de la Casbah d’Alger, Mustapha Adane ne dérive de personne et ne ressemble à aucun autre, entre l’expérience et le discours, il a apporté une poïétique et des procédés d’exécution qui lui sont propres. À lui seul, il est une école de pensée ; son rôle est prépondérant dans l’histoire de l’art Algérien.
Parmi ces maitres dont nous nous rappelons les œuvres et les noms avec tant d’admiration, Mustapha Adane reste celui qui marquera à jamais le début de ma carrière de galeriste.
Il est un homme, je ne dirais pas de plus grand car la grandeur n’a rien avoir ici, mais de plus rare, de plus hardi et de plus authentique.
Sabrina Tazamoucht / Galeriste
Oeuvre : La Kabylie / Émaux sur cuivre / 205 cm x 305 cm / Mustapha Adane